J’ai bien mérité de m’ennuyer, quand même. Non ?
À quel point l’ennui est-il nécessaire ? Est-il indispensable pour imaginer et créer ? Et que penser d’une société dans laquelle on ne s’ennuie plus, une société nous contraignant à remplir sans cesse, pour échapper à l’angoisse du vide ?
À partir de ces questionnements, la comédienne et metteuse en scène Maïanne Barthès a imaginé deux histoires qui, imbriquées l’une dans l’autre, interrogent avec une grande finesse nos façons d’appréhender le temps.
Dans l’une, quatre jeunes adultes se retrouvent sous un abribus sans autre but qu’être ensemble. Ce qui se joue dans ces instants partagés, c’est avant tout la qualité d’un rapport au présent propre à l’enfance. L’autre situation se développe dans un entrepôt voué à une fermeture imminente. Des personnes qui se sont battues pour conserver leur emploi mais ont échoué, doivent, malgré tout passer ces derniers moments ensemble…
À travers cet entrelacs cousu d’instants d’attente, d’ennui, de doute, de désœuvrement, des plus infimes jusqu’aux plus exaltants, pointent souvent l’humour et la poésie. Dans un dispositif qui permet une grande proximité, Je suis venu.e pour rien est une création sensible, brillamment interprétée, qui capte avec intelligence le dérisoire de nos existences.